Les pluies diluviennes de l’hiver, d’un volume inconnu de mémoire d’homme, ont raviné notre jardin. Il a fallu consolider le mur sur la mer. J’ai pris un architecte qui a recouru à la compétence d’un ingénieur béton. Les premiers sondages ne lui plaisant pas, il a demandé l’avis d’un géologue. La conjonction de ces trois conseillers, avec une sauce épaisse de principe de précaution, transforme notre jardin en bunker de la seconde guerre mondiale.
Voyant une population nombreuse envahir notre nid douillet pendant les vacances, avec force engins aux sons inharmonieux, crée forcément des liens.
Le terrassier en chef possède une vigne en Côtes de Provence qui est exploité par son père en biodynamie. Gentiment il m’apporte un Côtes de Provence rosé et un Côtes de Provence rouge en disant : « j’aimerais votre avis. Je pense qu’il sera sur votre blog ».
Après l’avoir remercié, il me fallait goûter. Le rosé d’un joli rose pâle est affreusement bouchonné. Il ne sera pas possible de donner un avis, puisque le goût de bouchon ne disparaîtra pas. Le vin rouge est d’une couleur noire de jus de cassis. Le nez évoque le fruit mais aussi la feuille de cassis, que l’on retrouve aussi dans le goût. Ce vin est chaleureux, dense, extrêmement fruité, avec toutefois une petite note végétale. Ce qui me paraît curieux, c’est que le vin ne semble pas fini. Il est encore au stade du jus de fruit, plus qu’au stade du vin. Mais l’impression générale est très agréable. Il faudrait voir ce que ce vin riche donne en vieillissant.
De toute façon, c’est très généreux de m’avoir apporté ces flacons, après avoir traité ma pelouse façon crevasse martienne.