A la maison, ma femme a préparé des coquilles Saint-Jacques juste poêlées accompagnées d’épinards cuits dans du gras de foie gras. J’ai envie d’essayer ce soir un vin que j’ai acheté il y a une trentaine d’années et que je n’ai jamais goûté sauf au moment de l’achat. C’est un Château Cotnari Grasa sélection de grains nobles 1988. Ce vin roumain d’appelait au quinzième siècle « la perle de la Moldavie ». Il est vinifié comme le sauternes. Sa couleur est d’un bel or. Le nez évoque la couleur et en bouche il est agréable comme un sauternes. L’accord avec les coquilles est naturel et à ma grande surprise l’accord se trouve aussi avec les épinards délicieux, assouplis par leur cuisson.
Parmi les fromages qui font la suite du repas, c’est un Sainte Maure qui s’accorde le mieux avec le vin roumain. Mon choix de vin avait été influencé par le fait que de dessert soit une mangue coupée en dés. L’accord se trouve bien sûr malgré le fait que la mangue ne soit pas tonitruante. J’ai alors l’idée de servir le fond de la bouteille du Bastor Lamontagne 1929, qui permet de faire deux verres, pour ma nièce et moi. Et c’est ainsi qu’on se rend compte de l’abîme qui sépare les deux vins liquoreux. Le Cotnari Grasa nous plaisait et le sauternes nous projette dans la transcendance. Il n’est pas mauvais de faire ce type de comparaison qui éclaire la vision sur un vin fort agréable mais simple. Ma nièce a été subjuguée par la complexité aromatique du sauternes de 92 ans.