Jean-Philippe me demande si j’ai un vin ordinaire pour la cuisson du chevreuil. Ma réponse fuse : « chez moi, il n’y a pas de vin ordinaire ». Ce qui évidemment n’est pas vrai.
Je descends à la cave et je remonte un Côtes du Rhône rouge de A. Arène Malosse et fils vignerons à Bagnols-sur-Cèze. Je lis sur l’étiquette : « Médaille d’or Nîmes 1924 » et quatre médailles d’or au concours général agricole de Paris en 1952, 1956, 1960 et 1962.
Et sur la contre-étiquette qui n’a pas de millésime, on lit « mise au domaine » et « à servir très frais », ce qui paraît curieux pour un Côtes du Rhône » qui a tout l’air d’être un rouge.
Et, lorsque mon œil se porte sur le haut de l’étiquette, on lit : « Haut-Castel », mais le « H » est dessiné d’une façon suffisamment ambiguë pour qu’on puisse lire un « B ».
Est-ce volontaire ou non ? Car très vite, on lit « Baut-Castel », et on pense Beaucastel, ce qui ressemble à ces tricheries de faussaires qui essaient de faire croire qu’un picrate serait un grand vin.
La morale sera sauve, car le vin est si affreux qu’il ne pourrait même pas entrer dans une sauce. C’est en fait un Visan 1971 Côtes du Rhône de la Cave « les Coteaux », qui a rejoint le chevreuil du repas du réveillon dans la casserole de marinade.
Non, la sauce n’a pas été faite au Beaucastel, ni au « Haut-Castel » en forme de « Baut-Castel ».