N’ayant aucune envie de braver la foule et la chaleur, je coule des heures paisibles dans une agréable maison qui fait chambre d’hôtes, tenue par une femme tonique et sympathique, où la piscine rafraîchit le corps des chaleurs bordelaises. Confitures maison, toasts dorés, salades de fruits, je suis un coq en pâte. Au moment de prendre ma voiture pour aller dîner, celle-ci fait un caprice et refuse de m’obéir. Dépanneur, stress, retard, c’est en trombe que je traverse toute la région, de Langon à Listrac, pour assister au dîner qui se tient au Château Clarke. Chaque soirée a son ambiance. Celle-ci sera familiale, amicale et professionnelle. Les différentes branches des familles Rothschild qui étaient réunies la veille à Mouton Rothschild se retrouvent aujourd’hui, et l’on sent que le deuil de Guy de Rothschild crée une atmosphère solidaire. On attendrait que ce fût Nadine qui nous reçoive mais c’est Philippine qui irradie dans cette foule, Michel Rolland et son épouse sont tout sourire, May Eliane de Lencquesaing est resplendissante et une large population cosmopolite – on parle de plus de 500 personnes – bavarde joyeusement sur les pelouses d’une propriété remarquablement entretenue. On passe à table et je suis à côté de Nicolas de Rabaudy écrivain ami de la famille Rothschild, d’un patron de presse et de son épouse, auteur d’un guide connu lié au vin et à la restauration, d’un œnologue grec, d’un œnologue qui travaille en Italie, Inde, Chine et collabore parfois avec Michel Rolland dont pour le Château Clarke, une artiste peintre espagnole ravissante et un homme dont je ne saurai rien puisqu’il passera sa soirée pendu à son téléphone portable.
(forme originale de table bar)
A 22 heures, mon estomac crie famine et je serais prêt à chaparder sur les tables voisines, car notre table est oubliée par un service débordé et approximatif malgré son envie de bien faire et une belle générosité. Sur notre table, des vins de l’écurie Rothschild, un blanc d’Afrique du Sud surpuissant Chardonnay 2005 Rupert et Rothschild et un Merle blanc de Château Clarke 2006 beaucoup trop vert ne peuvent apaiser mon attente.
Tout redevient serein lorsque des tapas argentines à profusion permettent enfin de se sentir à table. Le clou du repas sera une délicieuse viande argentine « asado » au goût pénétrant servie avec des haricots rouges. Elle permet de goûter, après un Gran Malbec Flechas de los Andes 2005 trop œnologiquement correct, un excellent Château Clarke 2001 remarquablement structuré que je préfère nettement au Château Clarke 2000 qui nous est servi en double magnum. L’œnologue cosmopolite est très intéressé de savoir pourquoi le 2001 me plait, et il nous explique les changements radicaux de méthodes d’élevage entre le 2000 et le 2001 que je semble avoir plébiscités. Le brie de la ferme des trente arpents du baron Edmond de Rothschild est toujours aussi goûteux et un dessert « dulche de leche » accueille un Château Coutet 1997 fort agréable.
Les cohortes de voitures revenant sur Bordeaux montrent que l’on festoyait dans le Médoc.