Devant faire un dîner de wine-dinners au restaurant Bernard Loiseau à Saulieu, je livre les vins du dîner la veille de celui-ci, aux aurores, et je poursuis ma route vers Morey-Saint-Denis pour répondre à une invitation qui m’a été faite de visiter le Clos des Lambrays.
Arrivé en avance, je fais un crochet par le Clos de Tart pour saluer Jacques Devauges, successeur de Sylvain Pitiot, qui a géré ce clos pendant vingt ans. Dans la cour intérieur, des rosiers majestueux sont dans leur plus bel épanouissement.
Au Clos des Lambrays, je suis accueilli par Bernard Dumort, un ami de ce domaine qui par ailleurs est mon conscrit, et par Thierry Brouin, gérant et œnologue du domaine repris depuis peu par le groupe LVMH. Dans la cour du joli château, de jeunes Hongkongais et un couple d’italiens viennent goûter les vins récents. Je me joins à eux.
Dans les magnifiques caves ancestrales, chefs d’œuvres de construction, nous goûtons les 2014 sur fût et les autres vins mis en bouteilles.
Le Morey-Saint-Denis Villages Domaine des Lambrays 2014 a un joli nez velouté et une bouche gourmande, de velours. Il n’est pas très complexe mais il est agréable, se boit bien, avec un finale un peu sucré.
Le Clos des Lambrays 2014 a un nez fermé. La bouche est noble mais un peu fermée. Il y a une belle matière, tension et salinité. Le vin est de grande fraîcheur. C’est assez normal pour des vins aussi jeunes que le moins complexe soit plus facilement buvable.
Le Clos des Lambrays 2013 a été mis en bouteille en mars 2015. Le nez pinote, titillant par ses amertumes. C’est un superbe vin bourguignon à la belle salinité, opulent malgré un certain ascétisme.
Le Clos des Lambrays 2012 est d’une année très faible en volume. Le nez est très profond, marqué par le poivre. La bouche est beaucoup plus ronde, charmante, au contraire du 2013. Le vin est charmeur, riche et épicé.
Le Clos des Lambrays 2010 a un nez un peu fermé comme le 2014, assez vert, tabac et quelques fruits rouges. En bouche, ce vin est un peu la synthèse des trois précédents. Il est frais, fruité de fruits rouges, viril, tranchant, gourmand tout en étant complexe. C’est un vin magnifique. Il n’y a chaque année que 50% de fûts neufs.
Le domaine fait aussi des blancs et nous buvons maintenant le Puligny-Montrachet Les Folatières Domaine des Lambrays 2008. Le nez est riche et généreux. En bouche il manque un peu d’ampleur, mais ça ne dure pas. Il a un beau finale gourmand. La persistance devient extrême.
Après cette dégustation avec les hongkongais et les italiens, nous les quittons pour aller tous les trois, Thierry, Bernard et moi, visiter les vignes aux pentes séduisantes. Car ce Clos est remarquablement orienté. Par un soleil radieux, les panoramas évoquent la grandeur de la Côte de Nuits. Tout se joue dans les vignes.
Nous allons ensuite déjeuner au Castel de Très Girard. Thierry a pris deux vins, un blanc et un rouge, et j’ai apporté un liquoreux.
Mes convives sont de solides mangeurs car nous commandons homard et côte de bœuf. Les portions sont prévues pour des Gargantuas. Thierry fait ajouter un rouge de la carte des vins du lieu car il l’a bu récemment et apprécié.
Le Puligny-Montrachet Clos du Cailleret Domaine des Lambrays 2004 a une robe dorée. Il est magnifique d’opulence. Il est très généreux, plein et équilibré. Par certains aspects, il a le goût confituré de certains montrachets. Il est comme toasté, avec une belle minéralité. C’est un vin superbe qui colle bien au homard « européen » (donc non breton) traité de belle façon.
Le Morey-Saint-Denis 1er Cru Les Chenevery domaine Alain Jeanniard 2011 a un nez très délicat et subtil. En bouche on sent des petits fruits rouges acides. Le vin est un peu rêche. Il n’est pas mal du tout mais n’a pas la complexité qu’on pourrait attendre d’un vin qui a un si joli parfum.
Le vin qui suit est bu à l’aveugle et je me trompe de près de quarante ans ! C’est un Clos des Lambrays 1937. Son nez n’est pas très flatteur, poussière, punaise, café. Mais la bouche est merveilleuse, avec un peu de grain de café. Il est beau, il a la longueur, la fraîcheur d’un grand vin. Mais je trouve quand même une amertume qui me gêne un peu. Elle disparaît avec la viande qui fouette et excite son goût. Il s’améliore. C’est un beau témoignage de la grandeur de ce Clos dans l’histoire.
Le Château d’Yquem 1994 en demi-bouteille est d’un bel or. C’est un vin bien gras, opulent, riche et joyeux, qui combine mangue et caramel. Il se marie bien avec des pancakes malaisiens.
Le Castel de Très Girard est un endroit très accueillant, hôtel un peu désuet mais charmant, table traditionnelle où l’on est bien traité. Après le déjeuner, j’ai visité le château des Lambrays magnifiquement décoré par les anciens propriétaires, marché dans le parc aux arbres multiséculaires et visité la cave des vieux millésimes dont mon petit doigt m’a dit que le groupe LVMH opère quelques ponctions.
Cette visite m’a remis en mémoire la grandeur de ce vin, dont j’ai surtout bu des millésimes anciens et m’a fait découvrir leurs vins blancs délicieux.
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les roses au Clos de Tart
le Clos des Lambrays
le déjeuner