Une américaine, chirurgienne de son état, fidèle de mes dîners, vient passer quelques jours dans ma maison du sud. C’est une habituée des dîners les plus fous et ce qui me fascine, c’est qu’elle vient des Etats-Unis uniquement pour un dîner, comme ce fut le cas à Mougins ou à l’hôtel du Marc de Veuve Clicquot. Nous sommes dans la même configuration, elle vient en France uniquement pour nous voir, ma femme et moi.
Après une sieste bien naturelle correspondant au décalage horaire, Sarah est d’attaque pour l’apéritif de bienvenue. Il y aura de la poutargue, un saucisson de porc et de sanglier, un foie gras, des petites sardines, des gressins, des pains aux olives noires à grignoter. J’ouvre le Champagne Salon 1999 qui commence à avoir une belle maturité. En lui, tout est naturel. Il est spontané, subtil mais sans s’imposer, riche mais sans insister. Ce champagne tout en suggestion est un régal. De tout ce que le champagne doit accompagner, c’est le saucisson bien moelleux qui est le gagnant.
Pour le dîner nous aurons des crevettes roses à décortiquer soi-même, des fleurs de courgettes en tempura, des camerones cuits à la poêle, un fromage Jort et une salade de pêches agrémentées de biscuits roses de Reims. A cet effet, j’ouvre un Champagne Krug 2000. Il est tout en puissance, avec une volonté de montrer ses biceps. Alors que le Salon est une force tranquille, le Krug veut passer en force. Mais au bout d’un certain temps, et notamment avec le camembert Jort, sa volonté de s’imposer s’estompe et il nous montre qu’il est riche de complexités, ce qui correspond à ce que nous souhaitions. C’est un grand champagne qui va trouver dans une décennie de plus la sérénité que promettent ses immenses qualités. Le Salon 1999 se montre grand et serein et le Krug 2000 est tout en promesses. Sous les étoiles d’un ciel clair et sans vent, nous avons fini le délicieux Krug dans le calme du soir.
Sur la planche de découpe poutargue et saucisson voisinent.
Sarah s’initie au biscuit rose trempé dans le champagne !!!