J’ai fait don de ma collection de bouchons et capsules à la société Amorim installée au Portugal qui est le plus grand fabricant au monde de bouchons de liège. A ma mort, cette collection aurait probablement disparu alors qu’au sein de cette société, elle va intéresser tous ceux qui veulent prendre conscience de la longévité des bouchons. Mes bouchons ont été transportés au Portugal et arrangés de façon très artistique au siège de la société où sont reçus tous les visiteurs. Je vais me rendre à l’inauguration de cette collection qui porte mon nom.
Allant vers Charles-de-Gaulle, puisqu’on ne parle plus de Roissy, je vois sur une pancarte, au moment où les routes se séparent vers les différents terminaux, « terminal 2
E : 30 minutes ». Or pour atteindre mon terminal il faut passer par ce terminal. Le chauffeur de taxi a un Plan B, comme on dit aujourd’hui, et fait un détour de plus de cinq kilomètres pour arriver au terminal souhaité.
Roissy est une ruche invraisemblable. Une application de mon téléphone compte mes pas. Elle me dira que dans les deux aéroports, Roissy et Porto, j’aurai fait cinq kilomètres. Car pour chaque étape d’enregistrement ou de contrôle des bagages, on fait la queue qui serpente comme en un labyrinthe. C’est ahurissant.
Je suis accueilli à l’aéroport par une charmante jeune femme qui travaille à la direction de la communication d’Amorim et m’accompagne jusqu’à l’hôtel Sheraton dont l’accueil est froid comme dans ces grandes organisations très professionnelles mais impersonnelles. Nous bavardons autour d’un Mojito plat et sans émotion, pour évoquer le programme de mon séjour.
J’apprends qu’Antonio Amorim, le président de la société éponyme, sera présent au dîner de ce jour, alors que le dîner officiel avec lui était seulement demain. Rien ne peut me faire plus plaisir.
Et j’ai trouvé quand même un côté humain à cet hôtel car ayant un problème de connexion informatique, un souriant Pablo m’a dit que je pourrais l’appeler à tout moment et qu’il viendrait m’aider.
Carlos de Jesus, directeur de la communication de la société Amorim me conduit près du port de Porto dans un quartier où fleurissent les restaurants de poissons. Le restaurant Gaveto ne paie pas de mine et la décoration intérieure est très simple. Mais de grands aquariums d’une présentation impeccable montrent qu’ici, le traitement des poissons est sérieux.
Nous sommes conduits à une table où nous rejoint Antonio Amorim tout souriant qui me dit : « cette table, c’est ma table » lorsqu’il vient en ce restaurant. Le propriétaire, Joao Carlos, arrive, me reconnaît, mais d’où, et me dit qu’il me suit sur Instagram et souhaite que l’on fasse une photo de nous deux à la fin du repas. L’ambiance est créée comme on le verra plus loin.
Antonio Amorim suggère que l’on prenne des crevettes, des gambas et des langoustes. Il me demande comment je souhaite la cuisson des langoustes. Je réponds : grillées pour s’accorder avec un vin rouge. Carlos et Antonio me regardent comme si je proposais un sacrilège mais acceptent mon choix.
Les plats sont simples mais gourmands. Le vin Porta dos Cavaleiros Reserva Dâo blanc 1984 est une belle surprise du fait d’une longueur quasi infinie. Le vin est rond, joyeux, fort agréable et accompagne bien les crevettes et les gambas sans assaisonnement.
Le Buçaco Branco 2001 est un vin blanc fluide et frais, mais qui n’atteint pas le plaisir du 1984. Alors qu’il est semble-t-il plus capé que le Dâo, il m’émeut beaucoup moins.
Sur la délicieuse langouste cuite judicieusement arrive le Casa Ferreirinho Reserva Douro Vinho Tinto 1989 qui forme un accord parfait avec le crustacé. Mes hôtes me regardent avec des yeux incrédules. Comment est-il possible que l’accord soit si parfait alors qu’ils avaient toujours cru que les crustacés appellent un vin blanc. Ils me regardent comme si j’avais fait un tour de magie qu’ils n’arriveraient pas à comprendre. Bien sûr nous en avons ri.
Nous commandons nos desserts. Je choisis une glace vanille et Joao Carlos vient vers nous et ouvre devant nous une Malvasia Madeira 1899. C’est un cadeau incroyable, apparemment lié à ma présence sur Instagram. Et nous avons fait la photo qu’il souhaitait. La probabilité qu’on me connaisse dans un restaurant de poissons du port de Porto était très faible. La malvoisie est très agréable et délicatement sèche, ce qui la rend expressive. Un pur délice.
Antonio Amorim nous avait rejoint car il devait avoir un dîner qui s’est annulé. Son sourire est communicatif.
Demain, c’est l’inauguration de la collection de bouchons. A suivre…