Voyage à Maury, Rivesaltes et Banyuls préparé par un sommelier parisien ami. Un chaud soleil d’hiver a créé une atmosphère de fête. Nous avons bu près de 80 vins différents, recrachés bien sûr, sauf quand c’était trop bon. Bernard Cazes, Stéphane Gallet, Paule de Volontat nous ont fait goûter des merveilles dans deux directions : les trésors ancestraux, quand ils existent, et les recherches oenologiques qui donneront des merveilles tant il est possible de créer quand la terre et le soleil ont du talent. Il y a de telles merveilles à venir que nous en accueillerons certaines bouteilles à nos dîners, mêmes si ce sont les vieux flacons qui sont les vedettes de nos tables. Nous avons eu l’immense privilège de boire un Maury de 1880. Caramel, presque mélasse, si mélasse peut rimer avec goût riche et puissant, et longueur en bouche infinie. Ce vin justifie la démarche de wine-dinners, tant les grands vins anciens sont sur une « planète » de saveurs inconnues de ceux qui n’ont pas pris la « navette » pour aller la visiter. Ce vin figurera à un de nos dîners d’exception.
Il est à souhaiter que cette région de soleil ne fasse pas comme les producteurs les plus connus de Bourgogne : acheter leurs bons vins est aussi compliqué que de chercher à acheter un anneau pour un bateau dans un port. On s’inscrit pendant 30 ans sur une liste d’attente, et si on est sage, on a une bouteille du bon vin, pour 12 du second ou troisième vin. Quand on sait que des caisses entières partent sur certains marchés et que des amateurs doivent quémander une bouteille, il y a une anomalie. Elle est aggravée par le fait que des acheteurs, dotés de quantités immenses, revendent en salles de vente aux amateurs qui eux n’avaient rien eu, avec de trop faciles profits. Un jour, de nouveaux équilibres se feront, car cette situation n’est pas compatible avec le fait qu’un vin doit se boire plus que se thésauriser.