Journée qui s’annonce ensoleillée, contrariée par le service incroyablement défaillant de l’hôtel Plaza. Je rejoins le groupe des plus mordus des membres du BWE. Ils sont déjà à table, car je ne savais pas qu’il y avait eu un changement d’heure le jour même.
Restaurant chinois dans China Town, Mr Tang’s. Restaurant sans la moindre décoration, mais des vitrines montrent qu’ici on aime le vin. Sur la table, un amoncellement invraisemblable de vins. Je m’étais promis de ne pas boire, promesse d’ivrogne. On comprendra que je cède quand on me met devant les yeux : Haut Brion 1988 rouge, bon, assez tannique, bien ouvert de la veille. Un bon vin.
Vouvray moelleux Aigle Blanc Prince Poniatowski 1990, magnifique, intéressant, à peine doux, s’adaptant merveilleusement à la chair blanche d’un turbot. Une subtilité rare.
Puligny Montrachet les Folatières Sauzet 1995. Bien fait, très caractéristique. Joyeux.
Chablis 1er Cru Fourchaumes Verget 1999 très caractéristique d’un beau Chablis
Lingenfelder Scheurebe 1994 trockenbeerenauslese 9° une bombe de sucre, presque imbuvable tant il est concentré
1971er Forster Stift Riesling Auslese bouchon tombé, un peu madérisé, mais assez plaisant
Guiraud 1983 très joli et facile à boire avec du homard traité à la façon chinoise
Wiltinger Hölle Riesling Eiswein sanctus Jacobus 1983 – 9,5° encore un joli vin, très caractéristique des vins de glace. Très agréable. Il y a dans ces vins de l’énigme qui interpelle.
Graacher Himmelsreich Spätlese Joh. Jos. Prüm 8° – 1990 sucré surtout. Un vrai nez de pétrole. Magnifique réalisation toute en subtilité
Erdener Treppchen Riesling Beerenauslese Joh.Jos. Christoffel Erben 10° – 1976 très adouci, fatigué, mais avec de belles réminiscences
Numanthia Toro 1999 – 14,5° Dominio de Eguren trop moderne, trop fort. C’est de l’espagnol moderne pour l’export.
Chablis-Les Clos Grand Cru Joseph Drouhin 1996 magnifique. Rond, gras, pas très long, mais très gratifiant..
Cette profusion de générosité est invraisemblable. Pendant que nous mangions et buvions des trésors, le personnel du restaurant écossait des petits pois et étêtait des haricots verts. Bonne cuisine. Café et pâtisserie dans un bar italien de Little Italy. Le café à moitié sans âme où l’on entend de la musique italienne tout en regardant le match de base ball du jour.
On se sépare après s’être promis de se retrouver au plus vite.
Un voyage assez fou avec des rencontres de passionnés. J’ai pu comprendre comment certains amoureux du vin vivent leur passion, au delà de ce qu’on pourrait imaginer à Paris.
Je retrouve mon hôtel avec son invraisemblable absence de service.
Réveil difficile à 3h45. Je quitte à 5h00 un New York déjà actif, traversé par d’immenses camions de livraison. Le Concorde attend à son terminal. Quelle magnifique et pure beauté. A une vitesse de Mach 2 je vais dans le poste de pilotage où l’un des pilotes me dit que croiser le Concorde de British Airways, c’est comme croiser un missile : ça va tellement vite qu’aucune procédure d’évitement ne fonctionnerait.
Ray Charles était dans l’avion.
J’ai boudé le Dom Pérignon 1993. Je l’ai même refusé trois fois. Il fallait vraiment que ce forum d’amoureux du vin américains fût une réussite !